Lettre au ministre des enseignants de JP Vernant.
Pins-Justaret, le 11 décembre 2018
(Cette lettre a été signée par plus d'une cinquantaine d'enseignants du lycée Jean Pierre Vernant, toute personne qui souhaite soutenir notre démarche peut, individuellement ou collectivement)
A l'attention de : Monsieur le Ministre de l'Education Nationale
Monsieur le Ministre, dans votre lettre du 5 décembre 2018 vous assurez les professeurs de collège et lycée de votre confiance; celle-ci ira-t-elle jusqu'à nous entendre lorsque nous vous disons quela réforme du lycée que vous proposez est précipitée, opaque et néfaste pour nos élèves ?
Nous ne citerons ici que quelques exemples car la liste serait malheureusement bien longue.
- Vous nous demandez de conseiller nos élèves et d'informer leurs parents alors même que nousignorons à ce jour les modalités de mise en oeuvre de la réforme, les contenus définitifs des programmes et la nature exacte des épreuves du nouveau baccalauréat.
- Le choix des trois spécialités paraît bien précoce pour des adolescents, d'autant que l'abandon del'une d'entre elles en terminale restreint leurs choix d'orientation dans le Supérieur. La pression et l'angoisse des élèves concernant leur poursuite d'études sont ainsi accrues par le manque deconnaissances des attentes de l'Enseignement Supérieur et par l'opacité des procédures d'affectation de Parcoursup.
- Les mathématiques n'apparaissent plus dans le tronc commun or, l'écrasante majorité de nosélèves auront tout intérêt à conserver cet enseignement pour leur poursuite d'études. Il paraît inconcevable d'imposer les mêmes exigences de programme à des élèves de profil différent au risque de générer des échecs.
- Nous ne pouvons nous cacher que les familles les mieux informées, traditionnellement les plus aisées, seraient favorisées dans les choix à effectuer, et ce, dans un contexte de démantèlement du Service Public d'Orientation (fermeture annoncée des CIO). La réforme annoncée accentuerait ainsi davantage les inégalités sociales.
- La logique de bassin aggraverait également l'inégalité entre les élèves dans le choix de leur formation. Le Rectorat indique déjà que toutes les spécialités ne seront pas disponibles dans tousles lycées. Cela contraindrait de fait certains élèves et enseignants à partager leur temps scolairesur plusieurs établissements ou à se contenter de l'offre proposée dans leur établissement derattachement.
- En détruisant le caractère national du baccalauréat (par l'introduction du contrôle continu et lagénéralisation du contrôle en cours de formation) on creuserait davantage les écarts entre établissements et la valeur du diplôme serait corrélée à leur réputation.
- Vous parlez de simplifier "un examen devenu trop complexe", mais dans les faits, les élèvesseraient en évaluation permanente au détriment des apprentissages et sans possibilité deremédiation. Cette réforme s'inscrit donc dans une logique de démantèlement du Service Public d'Education aumoment même où notre société a profondément besoin de solidarité, de cohésion et d'équité.
En conséquence, Monsieur le Ministre, parce que les élèves sont les citoyens de demain, nous vous demandons de toute urgence le retrait de la réforme du lycée.
Les enseignants du lycée polyvalent Jean-Pierre Vernant de Pins-Justaret réunis en Assemblée générale ce mardi 11 décembre 2018.
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